Nous rentrons de plusieurs jours passés dans le Fiordland, une région d’1,2 million d’hectares aux propriétés naturelles incomparables.
Au cours de notre exploration de cette région sauvage et imposante, nous avons vécu une périlleuse aventure de six jours dans le Milford Sound, l’un des superbes îlots du Fiordland.
Bien assis, on vous emmène ? Alors c’est parti …
Bienvenue dans le Fiordland…
Sculpté par les glaciers pendant plus d’une centaine de milliers d’années, le Fiordland est une région faite de falaises abruptes au relief tourmenté, et qui compte parmi les lieux qui nous ont le plus fascinés en ces quelques mois. Comme son nom l’indique, elle est constituée de quatorze canaux, ou « fjords ». A bord d’un bateau, nous avons exploré le deuxième plus grand d’entre eux : le Doubtful Sound. En l’espace de quelques heures, cette bouleversante excursion nous a transportés dans un microcosme féerique, où des montagnes flottent sur une eau tranquille, telles les falaises sauvages représentées dans Jurassic Park.
Le Fiordland abrite toute une variété de mammifères marins, notamment une colonie d’environ 60 grands dauphins, lesquels font partie des plus gros spécimens connus de leur espèce (ils peuvent atteindre 3,80m de long !). Les recherches ont montré qu’il naissait des amitiés entre les dauphins, et que les femelles entretenaient les liens les plus forts avec les autres femelles.
Les dauphins du Doubtful Sound sont parmi ceux qui vivent le plus au Sud sur le globe terrestre, près de leur limite écologique. Les plus joueurs d’entre eux ont suivi le bateau sur une partie de son trajet, ondulant gracieusement avant de disparaître dans les profondeurs, pour finalement réapparaître plus loin derrière nous, surfant à la proue du bateau, et délivrant un spectacle imprenable de pirouettes et de sauts dans la mousse générée par les vagues …
On vous conduit maintenant dans un autre fjord, sur un îlot reculé et mystérieux : le Milford Sound.
Le Milford possède une forêt tropicale tempérée, qui pousse en partie à flanc de montagne en l’absence d’une couche de terre profonde. Aussi, les avalanches d’arbres sont fréquentes, déclenchées le plus souvent par les importantes précipitations ou chutes de neige.
Mais, dans la mesure où elle se situe entre les 40e et 50e parallèles de l’hémisphère Sud, la région du Fiordland est également souvent pluvieuse et sujette aux avalanches d’eau. En fait, il y pleut entre 7 et 12 mètres d’eau par an !
De ce fait, évoluer dans le Milford Sound nous confère l’étrange sensation d’être comme des bactéries sur une éponge. Il est extrêmement difficile de trouver les mots justes pour décrire ce paysage mystique, presque angoissant, où les montagnes se fondent dans un brouillard très fin et ressemblent à des vases débordants. En fait, elles donnent l’impression d’éruptions volcaniques où la lave serait remplacée par de l’eau, des coulées d’eau, par dizaine de milliers, tout autour de nous. C’est une sensation totalement inédite, indescriptible … on avait l’impression d’être si fragiles, d’avoir été projetés sur une autre planète, perdue, silencieuse, gigantesque et indomptée … c’était fou. C’était tout simplement fou. Et c’est bien la plus forte expérience que l’on ait faite depuis le début du voyage.
Au cours du périple, il y a eu des jours où la pluie était telle que le niveau des rivières dépassait celui du chemin, nous obligeant parfois à marcher avec de l’eau jusqu’aux cuisses (eau dont la température atteignait une moyenne viviante d’une dizaine de degrés). Cela dit, ça a le mérite de rafraîchir, pendant les longues heures de marches !
Tout au long des six jours, nous sommes passés des vallées aux sommets, des forêts primitives aux rivières sauvages, en passant par les impressionnantes Sutherland Falls, qui atteignent 580 mètres de hauteur. Autant dire que la tour Eiffel n’a qu’à bien se tenir !
Pour la première fois, nous avons passé nos cinq nuits dans les refuges de montagne, le camping étant ici impraticable. Mais nous étions très peu de marcheurs en cette période de l’année, et encore moins nombreux à y rester six jours. Du coup, nous avons eu l’incroyable surprise de nous trouver complètement seuls les premiers jours, et ainsi profiter en exclusivité du confort du refuge et du feu de cheminée. Enfin … presque seuls, car une toute petite souris nous a tenu compagnie dans l’un des abris :).
Doudou danse la Polka après avoir démarré avec succès le feu de cheminée
Je me sers beaucoup du petit carnet, merci !! ;)
C’est d’ailleurs à cette étape du parcours qu’Alex s’est découvert un talent caché pour la démerde-en-cas-extrême : Ce soir là, on s’est aperçu avoir oublié notre casserole à la hutte précédente. Après un long moment à déambuler dans la pièce, balayant son ensemble du regard, sourcils froncés, il s’est immobilisé. L’idée de génie se dessinait progressivement dans son esprit jusqu’à ce que, d’un seul coup, il se rue sur la trousse de secours et en sorte … la couverture de survie.
Je me suis d’abord demandé, comme vous en ce moment, en quoi il pensait que cela pourrait combler notre faim. Mais je n’ai pas eu le temps de lui poser la question : brandissant la petite couverture, il s’est directement dirigé vers le grand sceau en métal destiné aux cendres des feux de bois.
Eh bien, ce soir là, on a fait cuire de la semoule grâce à une couverture de survie délicatement appliquée dans un sceau en fer faisant office de casserole !!!
Par contre, on a dormi seulement d’une oreille, attentifs aux moindres bruits, craignant un peu que la souris ne vienne « se faire un dos crawlé dans la semoule » (dixit Alex) !!
Ainsi s’achève le résumé de notre petit voyage sur une île déserte et inexplorée, nous rappelant une époque très lointaine oú, sur Gondwana, les dinosaures étaient maîtres …
A très vite pour la suite des péripéties …
Cette oeuvre d’art est le lac Marian, dans le Fiordland